Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42

appeller relative, est celle qui consiste dans la conformité de nos pensées avec les choses ; Et ainsy la fausseté opposée a cette verité ne destruisant pas ce que nostre pensée est par soy mesme mais seulement la conformité qu’elle devroit ⁁avoir avec les choses on ne peut pas dire que ce qui est faux n’est faux que de cette sorte ne soit pas, car nous ne laissons pas de penser, et de juger, quoy que nostre pensée et nostre jugement soit faux.

Que si on considère nos pensées, et nos jugements selon ce qu’ils sont en eux mesmes, et selon la verité naturelle, et absolüe il est vray en ce sens qu’un faux jugement, c’est a dire que ce qui ne seroit pas veritablement un jugement, ne seroit pas un jugement mais cela n’empesche pas qu’un jugement, par lequel nous jugeons faussement ne soit veritablement un jugement. Cela se peut expliquer veritablement par exemple d’un serment ou d’une promesse. Ce qui ne seroit pas veritablement un serment, ou une promesse, comme un serment qu’on auroit simplement recité, ou une promesse faite en riant, telle qu’on en fait aux enfans, ne seroit ny un serment ny une promesse. Mais un faux serment, tel quel est celuy par lequel on jure faux, et une fausse promesse telle qu’est celle par laquelle on promet ce qu’on n’a pas dessein de tenir ne laisse pas d’estre un veritable serment, et une veritable promesse. Ainsi lorsqu’on determine le sens de Jansenius sur un tel sujet, et un dogme particulier qu’on croit par erreur estre de Jansenius, on le determine faussement, mais, il est vray neantmoins qu’on le determine, c’est a dire qu’on le lie avec l’idée de ce dogme, et qu’on le prend dans la suite pour ce dogme quand on dit qu’il est heretique, comme on le determine quand on determine l’idée confuse de prince des Philosophes a Aristote, on le determine faussement, mais il est vray neantmoins qu’on l’y determine, et que lorsqu’on dit dans la suite que le prince des Philosophe a dit telle chose on entend que c’est Aristote qui l’a dit.

Il n’y a donc point de difficulté qu’une fausse determination ne soit aussy bien une determination, qu’une fausse proposition est une proposition, et pour cela seul il est facile de resoudre tous les paralogismes de la reponse.

Jansenius n’a qu’un seul sens. Cela est vray selon la verité, mais par erreur il en peut avoir plusieurs tres differents dans l’esprit de ceux qui l’expliquent, comme on ne peut pas nier que diverses personnes n’entendent des choses tres differentes sous ces mesmes mots de sens de Jansenius.