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qui est un dogme, il n’a point rapport ala pensée d’aucun homme en particulier ; mais lorsqu’on dit le dogme d’un tel autheur, il a alors un rapport tres precis ala pensée d’un tel autheur, puisqu’un dogme ne peut estre d’un tel autheur, que ce ne soit son opinion : Que si l’on a recours a l’ethymologie en disant que le sens d’un autheur : est id quod sentit. on pourra dire avec autant de sujet que la doctrine d’un autheur est. id quod docuit. et que le dogme d’un autheur est. id quod visum est. Car c’est une des significations du verbe δoχεω d’où vient le mot de dogme.

L’autre raison est celle-ci : quand on dit qu’il y a plusieurs sens de Jansenius, ce n’est pas de mesme que quand on dit il y a plusieurs dogmes ; car Jansenius peut avoir plusieurs dogmes sur une mesme proposition mais il n’y peut pas avoir plusieurs sens. par exemple sur cette proposition. Dans l’Estat de nature corrompu on ne resiste jamais ala grace interieure. Jansenius n’a qu’un seul sens, qui est que toutes les graces interieures qui sont données a l’homme apres le peché d’Adamn produisent infailliblement l’effet pour lequel Dieu les donne, quoy que toutes ne surmontent pas toute la resistance de la volonté, Dieu ne les donnant pas pour cela. et sur cette mesme proposition Jansenius a plusieurs dogmes. un dogme de la toute puissance de Dieu sur la volonté. un dogme de la necessité de cette grace a cause de la foiblesse de la volonté. un dogme de la nature de la grace interieure, et medecinale. un dogme de la difference de cette grace d’avec l’exterieure. un dogme de la concupiscence. &c.

Tout cela est sans fondement. Jansenius sur cette 2.e proposition a autant de sens que de dogmes, et autant de dogmes que de sens. mais comme on peut distinguer un sens total qui comprend toute la pensée sur cette 2.e proposition, et divers autres sens qui n’en comptent qu’une partie, ou qui comprennent les pensées maximes sur lesquelles est appuyée cette pensée totale pour parler ainsi, on peut, et on doit, faire la mesme difference entre les dogmes qui ne sont que la mesme chose ; car le sens total sera le dogme total &c.

J’avoüe neantmoins, comme j’ay fait des le commencement qu’il est permis a cet autheur d’affecter le mot de sens au sens total, et unique de la proposition et d’appliquer le mot de dogme aux autres sens part iceux pourveu que ce soit aux trois précautions. La

premiere