Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33

M.r Arnauld.


Replique

ou Refutation de la Reponse a un Escrit touchant la veritable Intelligence des mots du sens de Jansenius dans la Constitution du Pape.

I.er Partie.


Je ne puis dissimuler qu’avant que d’avoir vu cette reponse ayant oüi dire que des personnes dont j’estime beaucoup l’esprit, en faisoient un jugement fort avantageux, et qu’ils pretendoient qu’elle ruinoit l’Ecrit sans resource et quelle en faisoit voir la fausseté par des preuves convainquantes, et demontratives je me suis trouvé dans une disposition d’esprit assez extraordinaire ; car ne pouvant d’une part m’imaginer que je me fusse trompé en des choses qui me paroissoient tres claires, et qui avoit paru telles a des personnes intelligentes : je ne pouvois de l’autre comprendre comment il se pouvoit faire que d’autres personnes tres habiles, et qui sçavent fort bien ce que c’est qu’une veritable demonstration eussent pû donner ce nom a des raisons fausses ou peu solides. Tout ce que je fis donc dans ce double étonnement, fut de me disposer a ceder a la verité si on me la decouvroit contre mon attente, et de sçavoir gré a ceux qui m’auroient servy a me retirer de l’erreur s’il se trouvoit que j’y fusse sans y penser.

Je n’eus pas peine a me mettre dans cette disposition pouvant dire avec verité que je me suis toujours senty tres porté a changer de sentiment pour en embrasser un meilleur ; mais la lecture de cette reponse ne m’a pas donné lieu de pratiquer une resolution dont il me semble que Dieu m’avoit donné un mouvement tres sincere.

Je l'ai leuë une fois, deux fois, trois fois, et comme je croirois faire tort a ceux qui l'ont faite, ou approuvée, de m'imaginer qu'ils pussent trouver mauvais que je leur en dise ma pensee avec toute sorte de liberté je ne craindray point de les offenser en leur disant