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Ainsi le mot general de philosophe, ou de prince des philosophes, a esté ⁁determiné à signifier aristote. Cela dépend⁁-il de la vérité ⁁de cette proposition qu’Aristote soit le prince des philosophes, c’est à dire le plus excellent des philosophes. Nullement, et un homme seroit ridicule qui accuseroit cette proposition de fausseté. Le prince des philosophes a crû que les cieux estoient solides par cette seule raison qu’il ne croit point qu’Aristote soit le plus excellent des philosophes mais qu’il croit que cette qualité convient mieux à Mr. des Cartes, et qu’[ainsi} c’est une fausseté de dire que le prince des philosophes ay crû les cieux solides, puisque Mr. des Cartes ne les croit point solides.

Quelque fois donc cette détermination se fait sur une opinion publique fondée sur la notoriété d’un fait ou sur l’erreur populaire.

Ainsi les mots generaux de doctrine d’Arius, quand on dit que la doctrine d’Arius est heretique sont determinés à l’idée distincte de doctrine contraire a la consubstantialité du verbe par la notoriété, que c’est ce qu’Arius a enseigné, et pourquoy il a esté condamné, et il ne faut pas confondre cette nottorieté[sic] avec la verité, quoy qu’elles soit soient d’ordinaires inseparables ; car cette determination ne vient point de la verité comme verité, mais de la verité comme estant communement reconnüe des hommes : de sorte que quand tous les hommes se seroient trompez et qu’ils auroient crû par erreur qu’Arius eust nié la consubstantialité du verbe laquelle il n’auroit pas nié en effet, néanmoins si cette erreur auroit déterminé dans l’esprit des hommes ces mots de doctrine d’Arius a l’idée distincte d’une doctrine contraire a la consubstantialité, cette proposition : La doctrine d’Arius est hérétique — seroit veritable quand au dogme, parce qu’il seroit vray que le dogme particulier que les hommes que les hommes concevoient sous ces mots generaux est heretique et ne seroit fausse que dans le fait, parce qu’il ne seroit pas vray que cette idée generale enfermée dans les mots de doctrine d’Arius convînt a la vérité, a ce dogme particulier, auquel les hommes l’auroient appliquée.

Mais quand c’est la première fois qu’un mot general ne peut a esté determiné a une idée distincte ce qui le determine xxxxxxx alors ne peut estre autre chose que l’opinion de luycelui qui le determine et non la vérité de ce que cette idée generale comprend, ou ne comprend pas.

Ainsi le Pape ayant dit le premier que le sens de Jansenius est heretique, et estant certain, comme il a esté prouvé, que les mots de sens de Jansenius ont esté necessairement pris par le pape pour signifier l’idée distincte d’un certain dogme que luy ou ceux qui ont dressé la bulle ont eu dans l’esprit, il est visible que ce qui a