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fassent juger qu’il est certain ou plus vray semblable que la doctrine d’un livre a esté mal entendue & prise en un sens different du veritable, alors malgré qu’on en ait il ⁁est impossible que ne conclüe que l’aprobation ou l’improbation que le Pape en fait ne tombe point sur la doctrine veritable mais sur la Doctrine conçüe et présumée veritable.

Il y a diverses sortes de preuves qui nous assûrent de cette erreur, comme si le Pape à exprimé luy mesme le sens qu’il pretend y condamner ou celuy quʼil ne veut pas condamner. Car alors l’expression de ce sens nous faisant voir clairement ce qu’il a pensé, nous sommes assûrez que c’est ce qu’il a condamné et que la condamnation ne tombe que sur ce dogme qu’il a exempté de condamnation.

2. Si la supposition que le Pape a bien conçu lôpinion d’en autheur engagé dans quelque absurdité incroyable et qu’on ne puisse attribuer raisonnablement au Pape, on juge encore necessairement qu’il s’est trompé dans le fait.

Par exemple l’inquisition de Rome a condamné un certain livre de Tritheme intitulé : Steganografie comme un livre de magie ; Il se trouve neantmoins que ce livre ne contient que l’art de dechiffrer et d’escrire en chiffre : que conclut’on de la que l’inquisition a condamné de magie la veritable matiere de ce livre, nullement, mais que ne l’ayant par entenduë elle ⁁a cru par erreur qu’il y estoit parlé de magie, ce qui n’est point.

Le mesme Tritheme approuve la Doctrine du livre de Ratramne de lʼEucharistie, qui est heretique selon l’opinion de plusieurs Théologiens Cathôques. Ceux mesmes qui le croyent heretique concluënt-ils de la que Tritheme a approuve l’heresie contre la transubtantiation qui paroist estre contenüe dans cet autheur ? personne ne la jamais fait, la foy de Tritheme estant d’ailleurs trop certaine pour pouvoir estre rendüe suspecte par cette approbation par cette approbation, et l’on conclut simplement qu’il ne la pas seulement effectivement bien conçue. Calvin est accusé par Genebrard d’avoir erré sur le sujet de la Trinité : Bellarmin l’en deffend et soutient qu’il nʼa eu que la mesme foy que l’Eglise Catholique sur ce sujet. Supposant que l’opinion de Bellarmin soit la véritable comme elle l’est en effet, et que neantmoins un Pape prevenux des sentimens de Genebrard condamne la doctrine de Calvin sur la Trinité sans s’expliquer : dira t’on pour cela que ce Pape soit Arrien & qu’il ait condamné la Trinité ? personne ne formeroit ce jugement, et lʼon concleüroit seulement qu’il a mal entendu Calvin. Car la veritable doctrine de Calvin sur la Trinité n’est