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ces demniers temps par tous ceux qui font proffession de suivre sa doctrine et Molina masme estant de meilleure fois que les autres, a jugé qu’il estoit plus sincere de l’abandonner ouvertement que de pretendre qu’il luy estoit favorable Les remonstrans et les Lutheriens d’appresent qui combattent sa doctrine sur la Presdestination et sur la grace l’expliquant de la mesme sorte que les contreremonstrans sur ces deux point. on a donc raison de supposer que sa doctrine a esté bien entendüe par [Celestin] & par les autres Papes, qui avoient assez de lumiere pour l’entendre.

D’ailleurs la conformité des expressions de ces Papes et de leur doctrine avec celle de S.t Augustin est une preuve qu’ils l’entendoient veritablement, et il ny a nulle raison de les soupçonner d’erreur de fait personne ne les en ayant jamais accuséz.

Il s’ensuit que supposant avec raison qu’ils ont bien entendu saint Augustin, leur approbation tombe sur la veritable doctrine de S.t Augustin.

Mais dit’on, Saint Augustin ayant esté expliqué diversement dés ce temps la mesme et plusieurs luy ayant attribué de opinions tres odieuses, on ne sçaura point si les Papes ont approuvé sa doctrine ou ces fausses opinions qui luy ont esté attribuées ; puisqu’on ne sçait ce qu’ils on pensé et que c’est par leur pensées qu’on veut que l’ont juge de leurs jugemens.

Ceux qui font cette objection ne considerent pas que ceux qui expliquoient ainsy d’une maniere odieuse la doctrine de S.t Augustin estoient des Semipelagiens qui la rejettoient en mesme temps, et que nul deffenseur de ce saint ne la jamais expliquée de cette sorte, comme il paroist par les refutation que S.t Prosper fait de ces calomnies. Et ainsy ces Papes s’estant joints avec les deffenseurs de S.t Augustin contre les Semipelagiens, il est sans apparence de pretendre qu’ils ayent expliqué S.t Augustin comme les Semipelagiens qu’ils condamnoient et qu’ils ne l’ayant pas pris au sens auquel il estoit expliqué par ceux qui le deffendoient, dont ils embrassoient la protection. C’est pourquoy comme nous n’avons nul sujet le croire qu’ils l’ayent malentendu il s’ensuit que nous devons juger qu’ils l’ont bien entendu. voila des Cas ou l’on doit certainement supposer que l’autheur a esté bien entendu, et qu’ainsy la condamnation de la doctrine conçue tombe sur la veritable doctrine : Et l’on peut mesme dire generalement que la presomption est pour le juge a moins qu’on ne prouve qu’ils s’est trompé, parce qu’il est plus ordinaire qu’on entende bien un autheur que non pas qu’on l’entende mal.

May il y a des preuves et des raisons au contraire qui nous