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il est impossible de ne pas entendre son sentiment, on doit supposer que celuy qui l’approuve ou qui le condamme approuve son veritable sentiment, parce qu’il est moralement certain qu’il l’entend et le conçoit. Ainſy comme il est impossible de lire le livre des Preadamistes sans reconnoistre qu’il enseigne qu’il y avoit des hommes avant Adam, si le Pape avoit condamné lʼopinion de cet autheur sans l’expliquer, on devroit conclure certainement qu’il a condamné sa veritable opinion, parce qu’il estoit impossible de ne pas concevoir sa veritable opinion ; et quʼainſy on ne peut mettre de difference entre l’opinion conçüe et l’opinion veritable.

Ce genre comprend la plus part des heresies, parce qu’elles sont d’ordinaire si clairement exprimées par leurs autheurs qu’il est moralement impossible de les expliquer en diverses manieres, et ainſy quand le Pape se seroit contenté de condamner l’erreur de Calvin touchant la transusbtantiation, on devroit croire qu’il auroit condamné sa veritable doctrine, parce qu’il seroit moralement impossible quʼil en eust concû une autre que la veritable.

C’est pourquoy c’est une consequence peu raisonnable que celle qu’on tire dans l’esprit ; que s’il est permis en quelque rencontre de distinguer entre les Dogmes que le Pape a conçûe estre dʼun autheur et le veritable dogme de cet autheur, et de pretendre qu’en condamnant le sens de cet autheur il nʼa pas condamné son veritable sens, il n’y a aura plus rien de certain dans lʼEglise et que nous ne serons jamais assûrez que la doctrine veritable dʼun autheur soit condamnée. Cette consequence est dis je peu raiſonnable, parce que dans la plus part des autheurs il n’y a aucun lieu de supposer que celuy qui les a condamnez n’ait pas entendu leurs veritables sentimens.

2. Quand un autheur qui nʼest pas en ce degré declareé mais qui a neanmoins suffisamment exprimé ses veritables sentimens, est examiné de bonne foy par un ⁁homme intelligent et que nulle raison particulière ne nous oblige de le soupàonner de s’estre trompé dans cet examen. Comme il est plus vray semblable qu’il ne s’y est pas trompé on a raiſon de supposer et de conclure ensuite qu’en approuvant ou condammant la doctrine de cet autheur, il a approuve ou condamne sa veritable doctrine.

Si S.t Augusin nʼest pas si exempt d’obscurité qu’il soit impossible de s’y tromper dans l’intelligence de sa doctrine, on peut dire au moins qu’il est dans ce second degré de clarté, et que sa doctrine est assez intelligible pour estre entendüe sans peine dans ses maximes capitales par des personnes non preocupées et mediocrement intelligentes. C’est pourquoy il a esté entendu uniformement de la mesme sorte jusqu’a