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Car il nʼest point vray, comme on le suppose que le fondement de cet argument soit que les mots de doctrine de S.t Augustin dans la bouche des Papes non seulement ne signifioient, mais ne pouvaient signifier autre chose que la reelle et veritable doctrine de S.t Augustin, c’est a dire les dogmes particuliers qu’il a enseignez. Et il est vray au contraire que les mots de Doctrine de Saint Augustin dans la bouche de ceux qui conçoivent quelque dogme distinct, comme ont dû faire ces Papes, signifient precisemant ces dogmes conçus : et que nous ne sommes asseurez qu’il ayent approuvé la veritable doctrine de S.t Augustin quʼa proportion que nous sommes assûrez qu’ils ont connu et entendu la veritable Doctrine doctrine[sic] de S.t Augustin.

Car il est certain que si nous avions sujet de croire que les Papes qui ont approuvé S.t Augustin, nʼeussent pas entendu ses veritables sentimens, nous devrions croire aussy que l’on ne pourroit rien conclure de l’approbation qu’ils ont donnée a sa doctrine, puisqu’il est certain qu’ils n’ont pu approuver que ce qu’il concevoient, et qu’une doctrine nʼont conçue ne peut pas estre approuvée au moins par un juge qui suit sa lumiere et non pas celle d’autruy.

La force donc de cet argument n’est point fondée sur ce que les mots de doctrine de S.t Augustin ne peuvent signifier que sa veritable doctrine, c’est a dire la grace efficarce, car ce fondement est evidemment faux.

Elle n’est point fondée aussi sur ce que les Papes n’ont pû attacher aux mots de doctrine de S.t Augustin une autre idée que celle de la grace efficace et de la predestination gratuite. Car cela est encore faux, qpuisqu’estant hommes il se sont pû tromper, comme M.r le Moyne s’y est trompé, comme tous les Molinistes s’y trompent.

Mais elle est fondée uniquement et precisement sur ce que nous nʼavons nulle raison de supposer que ces Papes en approuvant la doctrine de S.t Augustin n’ayent pas conçû distinctement sa veritable doctrine, et que nous avons au contraire toutes sortes de raison p de supposer de le contraire. Car il nʼest pas necessaire que celuy qui se peut tromper se trompe toujours, et il y a mille rencontres ou nous supposons sans crainte que celuy qui sʼest pû tromper, nʼest pas trompé. Or de cette supposition juste et necessaire a cette preuve que les Papes ont bien entendu la doctrine de S.t Augustin, il s’ensuit que nʼy ayant aucune difference entre la doctrine conçue par ces Papes etont approuvée p comme de S.t Augustin, est la veritable doctrine de S.t Aug. l’approbation qu’ils ont donnée a la doctrine de S.t Augustin qu’ils ont conçüe, tombe Sur la veritable et reelle doctrine de S.t Augustin.