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quelques unes de ses paroles qui pouvoient signifier autre chose. Selon la veritable intention de l’autheur.

Mais il peut y avoir encore d’autres circonstances qui me feront juger positivement que cet autheur a esté mal entendu, et qu’ainsy ce n’est point son veritable sens qui a esté condamné.

Si estant par exemple persuadé que cet autheur a esté mal entendu n’a enseigné qu’un tel dogme sur un tel sujet, je vois que ceux qui ont condamné cet autheur ne condamnent ce dogme et ne pretendent point qu’on soit obligé de le tenir pour heretique, mais souffrent publiquement au contraire que des ordres entiers l’enseignent publiquement, et en leur presence, j’ay tres grand sujet alors de conclure que si moy mesme ne me trompe point dans l’intelligence de cet autheur il faut que le Pape s’y soit trompé, puisqu’il est impossible de concevoir comme on le représente dans l’escrit que le Pape ait condamné un dogme c’est a dire qu’il ayt voulu que l’on tienne ce dogme pour heretique dans l’Eglise, et qu’en mesme temps il approuve qu’on l’enseigne publiquem.t et dans Rome mesme comme orthodoxe.

C’est par cette preuve, et beaucoup d’autres semblables qu’on pourra voir dans la seconde partie de cette replique, qu’on a droit de juger que le Pape ayant condamné le sens de Jansenius, et n’ayant point condamné la grace efficace, il faut necessairement qu’il ayt entendu Jansenius dans un autre sens que celuy de la grace efficace, d’ou il s’ensuit, que quoy qu’ordinairement on ait droit de supposer que la ⁁doctrine d’un autheur est condamnée dans son veritable sens on ne doit pas neanmoins le supposer en cette rencontre, parce qu’il y a des circonstances particulieres qui font juger qu’il est fort aisé qu’on ait mal entendu Jansenius, et des preuves qui font voir qu’on la ⁁doctrine sans doute mal entendu, s’il est vray, comme nous en sommes persuadez, qu’il n’a rien enseigné sur le sujet des cinq propositions que la doctrine de S.t Augustin et de S.t Thomas touchant la necessite, et l’efficace de la veritable grace de J.C.

Enfin on peut ajouster pour derniere remarque que quand nous nous trouvons dans la necessité de choisir entre deux choses dures et fascheuses, ne pouvant me disposer d’en croire l’une ou l’autre, la raison veut que nous croyons celle qui est la moins difficile a croire.