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que lorsque l’on defend la grace, il semble qu’on nie le libre arbitre : comme aussi il faut avoüer que la necessité de la grace efficace semble xxxxxxx ruiner la possibilité des commandemens de Dieu, et la predestination gratuite, et la l’universalité de la mort de J. C. en quelque sens que ce soit.

2. Si un autheur a parlé un langage peu connu de ceux qui l’ont examiné, et different du leur comme il est arrivé a M.r d’Ypred’Ypres, qui s’est servy du langage, et des expressions des Peres, qui ne s’accordent pas toujours avec celles des scholastiques qui ont examiné son livre.

3. Si des personnes puissantes et passionnées ont interest de faire flestrir un livre ; car la passion leur troublant le jugement leur peut faire aisément faire prendre à contre sens les pensées les plus innocentes d’un autheur, examiner ses paroles, et expliquer en des sens erronnés des propositions qui seront fort catholiques, et ensuite inspirer a d’autres ces mesmes opinions desadvantageuses de ce livre, et c’est ce qu’on ne sçait que trop estre arrivé a M.r d’Ypre.

4. Si les juges mesmes estant deja prevenus contre un autheur ont une pente et une inclination d’y trouver des erreurs on ne peut nier que cette mauvaise disposition ne les puisse porter sans mesme qu’ils s’en aperçoivent, a donner a des propositions un peu ambigües, de mauvais sens, dont les paroles seront susceptibles, et qu’ils s’imagineront estre conformes a l’intention de l’autheur, parce qu’ils n’auront pas assez penetré tous ces principes, et qu’ils se trouveront disposez à en juger plustost en mal qu’en bien. Il faut reconnoistre que c’est ce qui est encore arrivé a M.r d’Ypre dans la condamnation des cinq propositions qu’on a presentées au Pape, comme estant de luy, parce que la cour de Rome se trouvoit deja engagée dans la condamnation de son livre par la bulle d’Urbain VIII. et que cette bulle ayant trouvé de grandes difficultez pour la reception, on pouvoit estre bien aise de donner un autre sujet de le condamner plus expressement.

Je soutiens que ces circonstances particulieres contrebalancoient tellement la presemption commune qui fait juger que le sens d’un autheur estant condamné c’est son veritable sens qu’il la esté, qu’il devient aussi probable qu’il a esté mal entendu, et qu’on a pris pour veritable sens celuy qu’on a crû estre enfermé dans