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credulité qu'il tiroit de ces circonstances communes, nous avons raisons de croire ces faits si non certainement, au moins tres probablement, ce qui nous suffit, quand nous avons obligation de juger d'un fait ; car comme nous nous devons contenter d'une certitude morale dans les choses qui ne sont pas susceptibles d'une certitude metaphysique. Lors aussy que nous ne pouvons pas avoir une certitude morale, le mieux que nous puissions faire quand nous sommes engagez a prendre party, est d'embrasser le plus probable puisque ce seroit un renversement de la raison d'embrasser le moins probable.

Que si au contraire ces circonstances communes qui nous auroient porté a croire une chose, se trouvent jointes a d'autres circonstances particulieres, ou qui rüinent dans nostre esprit, comme nous venons de dire ces motifs de credulité, qu'il tiroit de ces circonstances communes, ou qui mesme soit telles qu'il soit fort rare que de semblables circonstances ne soyent pas accompagnées de fausseté, nous n'avons plus alors la mesme raison de croire ce fait ; mais ou nostre esprit demeure en suspends si ces circonstances particulieres ne fonds font qu'affoiblir le poids des circonstances communes ; ou il se porte a croire que ce fait est faux, si elles sont telles, qu'elles soyent ordinairement des marques de fausseté. L'exemple dont je me suis deja servy, est tres propre a éclaircir cette remarque. C'est une circonstance commune à beaucoup d'autres d'actes, d'estre signez par deux notaires, c'est a dire par deux personnes publiques, qui ont d'ordinaire grand interest à ne point commetre de faussetez, parce qu'il y va non seulement de leur conscience, et de leur honeur, mais aussy de leur bien et de leur vie.

Cette seule consideration suffit, si nous ne sçavons point d'autres particularitez d'un contract pour croire qu'il n'est point antidaté, non qu'il n'y en puisse avoir d'antidaté, mais parce qu'il est certain que de mil contracts il y en a 999. qui ne sont point antdatés ; de sorte qu'il est incomparablement plus probable, que ce contract que je vois, est l'un de ces 999. que xxxxxxx non pas qu'il soit cet unique, qui entre mil se peut trouver antidaté.

Mais si à cette circonstance commune d'estre signez par deux notaires, qui m'est une raison suffisante, quand elle n'est point combatüe par d'autres, d'ajouster foy a la date de ce contract, on ÿ joint d'autres circonstances particulieres semblables a celles dont j'ay parlé plus haut, comme que ces deux notaires soient