Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui-même, dans le bon usage de la souffrance, l’âpre doctrine de la Réformation de l’homme intérieur ; réalisant enfin de toutes ces apparentes contradictions une magnifique synthèse dans le bel équilibre qui caractérise l’esprit auvergnat.

Je voudrais pouvoir pénétrer plus avant dans les traditions de notre province, aller chercher au foyer primitif, dans les qualités et les vertus de l’âme celtique, les racines profondes de l’âme de Pascal, le germe même des Pensées et des Provinciales.

Le temps qui nous est mesuré ne me le permet pas.

Qu’il me suffise de dire que Pascal incarna ces qualités et ces vertus comme avant et après lui les incarnèrent les Vercingétorix, les Michel de l’Hospital, les Lafayette, les Desaix. L’Auvergne lui est tendrement reconnaissante pour avoir puisé à pleines mains aux trésors de son passé, et pour avoir, à son tour, magnifiquement enrichi son patrimoine intellectuel et moral.

Ces vertus de notre race firent, durant la terrible épreuve de la guerre, des soldats du 13e corps des héros de légende, des soldats sans peur et sans reproche, qui affrontèrent le sacrifice suprême, transfigurés par l’amour de la Patrie, par la foi brûlante dans la sainteté de sa cause, illuminés par les clartés du plus pur idéal.

Permettez-moi de les associer à l’inoubliable manifestation d’aujourd’hui, permettez-moi dans cette Assemblée qui représente leur petite et leur grande patrie, sur ce mont sacré dont la silhouette bleue emplissait leurs yeux dans les soirs tragiques du champ de bataille, d’évoquer leur pâle et douce figure de morts résignés sur laquelle, comme sur le masque émouvant de Pascal, se pose un reflet d’infini.

Leur vie fut courte comme celle de Pascal, mais, comme la sienne, elle fut bien remplie, elle fut grande entre toute ; comme Pascal, ils laissent aux Français d’aujourd’hui et de demain le plus noble exemple.

Me souvenant des paroles que le 3 août 1919 vous prononciez à Strasbourg devant la jeunesse alsacienne assem-