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Nous vous sommes particulièrement reconnaissants d’avoir accepté notre rendez-vous sur ce sommet, où souffle encore l’esprit de Pascal, sur ce sommet où l’attiraient à la fois l’inquiétude scientifique et la soif de l’infini, et cela malgré les aléas que notre témérité pouvaient faire courir, _ le ciel nous l’a bien montré, — à la bonne ordonnance d’un voyage présidentiel.

Il me plaît de penser que celui qui devait plus tard demander la paix intérieure à la solitude de Port-Royal venait dans ses années printanières contempler le spectacle in comparable qui se serait ce matin offert à nos yeux si le malencontreux orage d’hier n’était venu obscurcir l’horizon.

Nous avions formé le projet de vous faire parcourir avec Pascal pour guide, notre beau département, que dis-je, notre vieille province tout entière qu’on embrasse d’un coup d’œil du haut de l’étroite terrasse où eut lieu sa fameuse expérience, depuis la longue chaîne des Dômes, naguère fleuve de feu et terre d’épouvante désormais par fumée de thym, fleurie de bruyère et de genêts d’or, jusqu’aux lignes lointaines de l’horizon où s’estompent dans la buée bleue les collines du Bourbonnais, les hauts plateaux du Limousin et de la Marche, les pics dentelés de la Haute-Auvergne et la fière silhouette des monts du Velay et du Forez.

Trois cents ans se sont écoulés ; rien n’est changé au spectacle qui s’offrait à l’admiration de Pascal et que nous aurions offert à la vôtre, rien n’est changé à la physionomie de notre province d’Auvergne, sinon que certaines de nos villes alors silencieuses se sont transformées en actives et trépidantes cités industrielles, sinon qu’ont surgi, fraîches et souriantes sur les débris même des vieux Thermes romains, nos magnifiques stations thermales. Rien n’est changé au décor, sauf les yeux qui le contemplent.

Les pensées qui nous assaillent devaient assaillir Pascal et comme nous animons aujourd’hui ce décor de son vivant souvenir, il le devait peupler lui-même d’images du passé, il évoquait les grands fils d’Auvergne qui l’avaient