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qu’il se ralliait à l’antique doctrine, d’après laquelle la science n’a d’autre objet que de sauver les phénomènes, sôdzein ta phainomêna, suivant une formule platonicienne ; c’est ainsi qu’il trouve bon qu’on n’approfondisse pas l’opinion de Copernic, considérant sans doute qu’il y a équivalence entre les systèmes héliocentrique et géocentrique dans l’explication des apparences offertes par les mouvements des planètes.

Pour Pascal, la physique ne peut être réduite à une ma thématique universelle, et la tendance cartésienne lui paraissait trop audacieuse de chercher l’essence de la matière et de préciser la façon dont le monde est construit avec de la figure et du mouvement. « Il faut dire en gros, — répète-t-il, — cela se fait par figure et mouvement, car cela est vrai, mais de dire quels et composer la machine, cela est ridicule, car cela est inutile, et incertain, et pénible. » Le point de vue est étroit, mais depuis un siècle, d’éminents physiciens, en s’y tenant, on fait progresser la science. Par contre, d’autres, plus confiants, se sont efforcés de démonter la machine pour voir ce qu’elle con tient, et les hypothèses sur lesquelles ils ont bâti des théories les ont parfois conduits à la découverte de faits importants et nouveaux. Les savants ont aujourd’hui moins de goût pour les querelles d’écoles, où se plaisaient leurs devanciers, et ils jugent mieux ce qu’il faut demander aux hypothèses et aux théories. Cependant, ceux-mêmes qui accorderaient à Pascal qu’il est incertain et inutile de chercher la com position de la machine ne le suivraient sans doute pas jusqu’au bout d’une pensée qu’il termine par ces mots : « Et quand cela serait vrai, nous n’estimons pas que toute la philosophie vaille une heure de peine. » Par philosophie, il entend ici la philosophie naturelle, c’est-à-dire les sciences physiques, suivant une expression malheureuse ment abandonnée en France depuis un siècle. De la géométrie, il jugeait à peu près comme de la physique quand il écrivait à Fermat : « car, pour vous parler franchement de la géométrie, je la trouve le plus haut exercice de l’es prit, mais en même temps je la connais pour si inutile que