Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

les connaissances fragmentaires éparses autour de lui, il les fait siennes, il se les approprie, mais pour les fondre au creuset de sa flamme. Et l’œuvre synthétique ainsi jaillie brûlante de son cerveau, il la revendique, non sans âpreté. Ego nominor leo.

Dès que son besoin de savoir est éveillé par un problème, Pascal ne l’aborde pas, il se jette sur lui comme sur une proie. Même en la dernière période de sa vie, quand c’est niaiser, affirme-t-il, que de s’occuper de géométrie, quand il déclare à sa sœur n’avoir découvert les propriétés de la courbe dite roulette ou cycloïde, que pour calmer un grand mal de dents, la passion du chercheur emporte son génie jusqu’à l’épuisement de ses forces physiques. Qu’il précède Wallis, qu’il marche de pair avec Fermât, qu’il annonce Leibnitz, aucun rival ne le peut surpasser par l’acuité et la pénétration de la vision. Sa théorie des combinaisons et des triangles arithmétiques le mène à un pas du fameux binôme de Newton. Son analyse différentielle de courbes particulières est si sûre, si parfaite de méthode et de langage qu’il suffirait de donner une forme générale aux questions qu’il s’est posées pour obtenir la réponse sans nouvel effort et créer le calcul infinitésimal. Quand la conversation d’un bel esprit l’amène à méditer sur les probalités, non seulement il résout aisément les problèmes précis qu’il rencontre, mais il pressent la portée du nouveau calcul qu’il fonde. Si le hasard intervient dans certains phénomènes, et si l’on en embrasse un nombre très grand, les hasards particuliers se contrarient et s’annulent, à une erreur négligeable près. Lors donc que nos sens ne perçoivent que le phénomène d’ensemble, ce phénomène obéira à une loi simple et précise, d’où le hasard se trouvera éliminé d’autant plus parfaitement que seront plus nombreux les phénomènes imperceptibles qui composent le phénomène résultant. » C’est le principe de la Physique statistique, qui constitue aujourd’hui une des des branches essentielles de la science.

On conçoit l’admiration qu’ont éprouvé pour une telle œuvre tous les esprits capables de la comprendre. En lisant