Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’accord possible de la Science et de la Foi, voilà donc un des enseignements, un des messages de Pascal. Dom Pastourel, dans son judicieux essai, nous a bien finement dit l’autre, à savoir qu’un puissant génie est le plus sou vent l’addition de sa race. Un autre des grands savants que je nommais tout à l’heure et que nous commémorions aussi cet hiver, Louis Pasteur, nous est également une preuve de cette loi, si féconde en conséquences sociales. C’est la longue lignée de ses patients aïeux terriens, séculairement enracinés dans les montagnes du Jura, qui a élaboré un Pasteur. A lire sa biographie, telle que nous l’a retracée son gendre, M. Vallery-Radot, cette évidence s’impose. Pareillement, la longue lignée auvergnate de ses aïeux, marchands et magistrats, a produit, comme fleur dernière, un Pascal. Nous trouvons là une nouvelle illustration, dans l’ordre de la pensée, d’une thèse que Balzac, après Bonald, et en même temps qu’Auguste Comte, énonçait dans la Préface générale de la Comédie humaine : « la cellule sociale n’est pas l’individu, c’est la famille ». Mais pour que la famille soit vraiment forte — cette autre thèse ressort de la savante monographie que vous nous avez lue, mon Révérend Père, ne faut-il pas qu’elle soit solidement racinée, qu’elle ait puisé et enrichi ses énergies dans un milieu fixe de mœurs, sous les influences prolongées d’un même coin de terre. Considéré sous cet angle, Pascal, ce descendant des montagnards d’Ambert, ce petit-fils, par sa mère, d’un échevin de Clermont, ce fils du conseiller élu par le Roi en l’élection d’Auvergne, nous apparaît comme un des plus glorieux témoins de la valeur du Régionalisme, de cette prudente doctrine qui veut donner au pays des organes de durée, et les placer, ces organes, dans des centres déjà anciens de vie locale, dans nos provinces de jadis, encore perceptibles sous le morcellement factice des départements. Les maintenir de plus en plus actives, ces provinces, les réchauffer, défendre jalousement leur personnalité atavique, les respecter, les aimer dans leurs coutumes, dans leurs monuments, dans leurs grands hommes,