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multiplicité des signes qui le cachent ou le découvrent selon qu’on voit ou non avec les yeux du cœur.

C’est cette méthode que Pascal eût constamment employée dans son apologie de la religion chrétienne. Il en a fait l’application notamment aux prophéties, et il a montré avec une extrême précision comment « les prophéties avec l’accomplissement », le fait qu’elles furent distribuées par tous les lieux et dans tous les temps, et la prédiction d’une même chose en bien des manières différentes et avec ses circonstances particulières, marquent un concert qui exclut le hasard aussi bien que l’art hu main, et ne peut s’expliquer que par un art divin, c’est-à-dire par une raison supérieure à celle de l’homme, qui se communique au prophète et lui permet de « parler de Dieu, non par preuve du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat. »

3. Cette raison supérieure à l’homme, c’est l’Infini. Elle nous échappe, elle nous surpasse, et nous surpasse infiniment. Mais il en doit être ainsi, puisqu’elle est l’infini : or, Pascal, créateur du calcul de l’infini, sait que « l’unité jointe à l’infini ne l’augmente de rien, non plus qu’un pied à une mesure infinie. Le fini s’anéantit en présence de l’infini et devient un pur néant. Ainsi notre esprit devant Dieu… »

A la fin du Traité de la somme des puissances numériques, Pascal énonce sous sa forme mathématique ce principe, qui est le principe même du calcul infinitésimal, et l’un des principes régulateurs de sa pensée : « On n’augmente pas une grandeur continue d’un certain ordre lorsqu’on lui ajoute, en tel nombre que l’on voudra, des grandeurs d’un ordre d’infinitude inférieur. Par exemple, les points n’ajoutent rien aux lignes, les lignes aux surfaces, les surfaces aux solides. En sorte qu’on doit négliger comme nulles les quantités d’ordre inférieur. » On sentira sans peine que l’addition d’un nombre fini de lignes, quelque grand qu’il soit, ne fera jamais une surface,