Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

que cet apaisement final, que cet humble retour à la docilité des simples fidèles sont invraisemblables pour qui se rappelle la triste scène où Pascal, reprochant au grand Arnauld de biaiser dans la défense de la vérité janséniste, s’évanouit d’indignation et de douleur. Eh ! quoi, igno­rent-ils leur Pascal, au point de le voir immobile, fermé, incapable de revenir sur les premiers emportements de son extraordinaire et passagère violence ; au point de ne pas le voir tel que son histoire vraie nous le montre, d’abord dominateur, méprisant, intraitable, colère, puis ! dès qu’il a eu le temps de se calmer, humble et doux comme un enfant ? Jacqueline le connaissait mieux. En vérité, ce dernier paroxysme, où l’on prétend le figer, annonçait plutôt et promettait même une prochaine dé­ tente, des remords, de longues heures de réflexion calme, de plus longues heures de prière, pour demander la grâce des pacifiques, les inspirations, les tendres murmures de Celui qui ne nous parle ni dans le tremblement de terre, ni dans l’ouragan. Non in commotione Dominus. Le Seigneur ne vient pas à nous dans nos convulsions. Ou le jour même de l’évanouissement, ou peu après, Pascal aura senti monter en lui l’horreur de l’abîme, planer sur lui l’ombre toute proche du Tentateur. Il se trouvait au bord de la ré­volte finale. N’allait-il pas jusqu’à laisser entendre, avec Luther et Calvin, que Rome avait trahi la cause de la vé­rité ; n’allait-il pas jusqu’à paraître oublier ce qu’il avait promis jadis, et de quel cœur ! « Je ne m’en séparerai jamais ? » Il se calma, il ouvrit les yeux, il comprit, il se convertit une fois de plus.

« Un document capital, et qui me paraît irréfutable, nous atteste cette évolution décisive. C’est le témoignage for­mel, explicite, et formellement renouvelé du curé de Saint-Étienne-du-Mont, Beurrier », que Pascal, dans sa dernière maladie, avait envoyé chercher. « Dès notre première entrevue, raconte Beurrier, il se mit sur les matières du temps qui faisaient tant de bruit entre les doctes catholi­ques sur la doctrine de la grâce, de la puissance et autorité du Pape, et me dit qu’il gémissait fort de voir cette division