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venger ainsi la cause de Dieu. Que nous importe, du reste, le plus ou moins d’exactitude dans les citations des Pro­vinciales ? Comme tous les autres savants, les casuistes se trompent, mais, pour discuter leurs erreurs particu­lières, c’est l’ensemble de la théologie morale, c’est toute une science délicate et profonde qu’il faudrait déjà possé­der — science dont Louis de Montalte ignore jusqu’aux éléments. Mais cela, je veux dire ce péché d’incompétence, ne serait rien si la charité était restée sauve, si, content de censurer quelques jésuites, Pascal s’était scrupuleusement défendu de vouer au mépris de lecteurs sans nombre toute une immense famille d’honnêtes savants, d’apôtres, de directeurs, de mystiques et de martyrs, cette Compagnie enfin, plus sainte encore que célèbre, qui ne porte pas en vain le nom de Jésus. Nolite tangere Christos meos, dit le Seigneur, ne touchez pas à mes Christs. Hélas ! nous ne sommes tous que mensonge, inconscience et misère. Si iniquates observaveris, Domine, quis sustinebit. « Que Dieu ne nous impute pas nos péchés, s’écriait Pascal, c’est-à-dire toutes les conséquences et suites de nos péchés, qui sont effroyables. » Heureux Pascal : Dieu certainement ne lui a pas imputé ; Dieu, je l’espère, lui aura caché l’his­toire posthume des Provinciales.

Ses erreurs, ses oscillations dogmatiques — Écrits sur la grâce ; Pensées — nous font moins de peine, soit parce que la doctrine janséniste a perdu son ancienne puissance de séduction — et les docteurs et la foule ne pouvant sup­porter, ne pouvant même comprendre aujourd’hui une autre théologie que celle de saint François de Sales ; soit parce que la mort n’a pas permis à Pascal de se dégager des contradictions où il n’a cessé de se débattre ; soit enfin et surtout parce que, dans les derniers mois de sa vie, il re­ nonça formellement à ces controverses, abjurant, en quel­ que sorte la mission de théologien qu’il s’était imprudem­ment donnée, et s’en rapportant, sur ces délicates matières de la grâce, à l’enseignement de l’Église.

Oh ! je ne l’ignore pas, quelques-uns, qui se croient sur Pascal un je ne sais quel droit de propriété, soutiennent