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rant et qui le reconnaît pour sien. Proficiscere, Âme chré­tienne, âme catholique, partez pour le ciel ! Appliquer sciemment, délibérément à Pascal un nom de secte, serait une faute mortelle contre la justice.

Mais si, maintenant, laissant les précisions bienfaisan­tes des théologiens et des casuistes, nous prenons le mot janséniste au sens large, au sens historique et légendaire, la plus élémentaire loyauté nous oblige d’avouer que Pas­ cal, quoi qu’il en ait dit, est bien tout à la fois de ce groupe spirituel, de cette école dogmatique, enfin de cette fronde que, d’un nom glorieux et douloureux tout ensemble, nous appelons Port-Royal. Il leur appartient par ses vertus, par quelques-unes de ses tendances théologiques et par l’im­pétuosité étourdie de ses polémiques. Puisque, pour l’ins­tant, nous le confessons ici devant Dieu, je ne dis rien encore de ses vertus, de sa foi profonde, du sentiment au­guste qu’il avait des choses célestes, en un mot de tout ce qu’il a de commun avec Jacqueline, la Mère Angélique, la Mère Agnès, M. Singlin, M. de Saci, M. Hamon, M. de Tillemont, et tant et tant d’autres. Pour nous, comme pour Sainte-Beuve, c’est là le vrai Port-Royal ; mais il en est un autre où Pascal s’est attardé trop longtemps. Le Port-Royal où dominent — c’est toujours Sainte-Beuve qui parle — « ces divisions mortes et corruptibles que l’homme, en tout temps, a introduites dans le fruit abon­dant du christianisme » ; le Port-Royal qui semble attacher moins de prix à la pulpe mûrie et nourrissante qu’à « la cloison amère» ; moins de prix à la vive réalité de la grâce qu’aux spéculations sur la grâce ; celui qui risque de perdre la simplicité, la joie, la charité et la fidélité des enfants parmi des « complications de diplomatie canoni­que et de vocifération scolastique ».

Nous jugeons ici Pascal avec une liberté entière, mais à la façon de ces confesseurs qu’il n’aimait pas, de ceux qui, fidèles aux leçons de saint Paul, inclinent toujours à croire le bien plutôt que le mal. Ils estiment, en effet, que chaque cas de conscience particulier a quelque chose de singulier, d’unique, qui ne s’est pas encore présenté et ne