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Pascal, on change d’attitude et de style, on baisse le ton, comme si l’on entrait dans une chapelle. En cette présence auguste, l’incroyant lui-même, s’il a l’esprit et le cœur bien faits, sent invinciblement que la moindre familiarité serait une faute de goût et une sottise. Bref, notre ferveur le canonise en quelque manière, tant elle ressemble à cette émotion spéciale, solennelle et douce, heureuse et crain­tive qui se forme en nous à la rencontre d’un saint : « Nonne cor nostrum ardens erat in nobis dum loqueretur in via ? Pendant qu’il cheminait avec nous, n’est-il pas vrai qu’une chaleur céleste émanait de ses paroles et nous embrasait ?

S’il en est ainsi, qui ne voit que notre meilleure occu­pation en ce jour devrait être de nous offrit à ce foyer, et au moment où il est le plus intense, de nous agenouiller près de Pascal à genoux ? Et c’est bien là ce que nous ferons, mais auparavant, il ne m’a pas semblé inutile d’examiner loyalement, courageusement, si cette prière nous était vraiment permise, à nous catholiques, veux-je dire, qui entendons régler toutes les démarches de notre vie intérieure sur les directions de l’Église, à nous qui ré­sisterions à cette prière où Pascal nous invite, si, par cette prière même, nous devions entrer, si peu que ce fût, dans une autre communion que celle des saints. Après tout, ce n’est pas ici une tribune académique, c’est la chaire de vérité ; celui qui vient d’y monter n’est pas un simple lettré un des multiples historiens du jansénisme et de Pas­ cal, mais un prêtre, deux fois tenu de peser tous ses mots dans les balances du sanctuaire, et par les engagements de son sacerdoce, et par le crédit qu’a bien voulu lui ac­ corder le digne successeur de ce Massillon, si doux et si ferme, à qui, selon ses propres paroles, « Dieu avait fait la grâce d’être ennemi de toutes les extrémités ».

I

Au seuil du problème se dresse un vieux préjugé qu’ont entretenu, avec une égale obstination, et les panégyristes