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Discours de M. Maurice Barrès, de l’Académie Française, lu à Clermont-Ferrand, au Square Blaise Pascal, par M. Pierre de Nolhac de l’Académie Française, lors de la Commémoration du Tricentenaire de Blaise Pascal, le 8 juillet 1923.

Il y a trois siècles, Biaise Pascal naissait à Clermont-Ferrand. C’est l’événement que la France et toute la haute humanité commémorent aujourd’hui, et qui a déterminé votre ville, Monsieur le Maire, à organiser cette solennité à laquelle vous avez invité l’Académie Française.

Nous avons répondu avec empressement à l’appel de Clermont. En tout autre temps, nous pouvons glorifier le génie de Pascal, à Port-Royal de Paris, à Port-Royal des Champs, à Saint-Etienne du Mont, n’importe où dans le monde, sans souci du lieu ni de la date, car l’accent des Pensées a quelque chose d’éternel et d’universel, et plutôt que la voix d’un individu, semble celle même de l’humanité. Mais au jour de la naissance de Pascal, il convient que nous honorions dans un pèlerinage de gratitude la terre et les morts dont il est issu, et la circonstance nous commande le point de vue sous lequel nous voulons considérer un sujet si multiple. Nous aimerions aujourd’hui, à Clermont, nous faire une idée de ce grand homme, dans ses origines, au milieu des siens, et le saisir dans ses commencements.

Quelle énigme quasi religieuse que l’apparition d’un génie ! Pourquoi de cet enfant jaillit l’étincelle, et non de cet autre, né du même sang, sous le même ciel ? Comment s’est constitué ce point de perfection, cet équilibre dangereux ? Qu’est-ce que cet assemblage inouï d’un savant et d’un saint, d’un observateur et d’un visionnaire ? Pascal applique les méthodes expérimentales, en même temps qu’il éprouve des faveurs surnaturelles. Rien ne nous