paraît pas moins probable que le jeune homme eut des velléités de mariage. N’attribuons pas trop d’importance aux termes du contrat passé entre lui et Port-Royal pour la constitution de la dot de Jacqueline, le monastère s’en gageant à lui servir une pension viagère, ou à sa veuve, au cas où il viendrait à se marier[1] ; c’est là pure clause de style, qu’un notaire ne saurait omettre. Du moins le témoignage de Marguerite Périer n’est-il pas récusable quand elle dit que Blaise, ayant perdu son père, prit bientôt « la resolution de suivre le train commun du monde, c’est-à-dire de prendre une charge et se marier »[2]. Plus explicitement encore Racine déclare qu’« il renonça même à un mariage très avantageux qu’il étoit sur le point de conclure »[3]. Le triste état de sa santé, au moins autant que les scrupules religieux de ses dernières années, mit toujours obstacle à la réalisation d’un tel projet. Ce premier séjour se prolongea dix-huit mois environ[4].
Deux ans plus tard, en 1662, son père est mort, Jacqueline est entrée au couvent, lui vient de mettre au point sa
machine à calculer et d’en faire la démonstration dans une
brillante conférence chez la duchesse d’Aiguillon. Tout à
coup il part à Clermont, alors que sa présence à Paris
semblerait nécessaire pour assurer le succès de son invention. La réalité de ce second voyage n’est pas admise sans
conteste ; nous en avons pourtant une preuve matérielle
dans un acte signé de lui, que conservent les Archives
municipales de Clermont[5]. A la date du 6 novembre
1662, il déclare « avoir receu par les mains de Mre Claude
- ↑ Edit. Brunschvicg, t. III, p. 42.
- ↑ Ibid., t. I, p. 130.
- ↑ Abrégé de l’Histoire de Port-Royal, dans ses Œuvres, édit. P. Mesnard, t. IV, p. 478.
- ↑ Voir la Vie de Jacqueline Pascal par sa sœur Madame Perier, édit. Brunschvicg, t. I, p. 156-161.
- ↑ Archives municipales de Clermont : fonds de Montferrand. Inventaire Teilhard de Chardin. CC 518. Cette quittance est reproduite en partie dans la brochure Blaise Pascal : Quelques souvenirs… pl. X.
