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voulu retrouver cet esprit pratique[1] : risquer si peu, et tant à gagner peut-être !

Mais à côté de ces rapports en quelque sorte généraux, il en est d’autres, semble-t-il, plus intimes entre la nature même de cette terre et le génie fiévreux, tourmenté de Pascal. L’un de vous, Messieurs, un maître de la pensée, pour qui le pays qui nous entoure n’a pas de secrets, les décrivait naguère en termes saisissants[2]. Nos volcans sont éteints ; les cheyres subsistent, coulées de lave refroidies. « Même par les jours d’hiver et quand la neige blanchit ces vastes nappes de roches éruptives, la flamme souterraine se devine et quelle fut la violence de son éclat. Les Pensées ressemblent à ce paysage, par une de ces analogies impossibles à bien rendre, mais évidentes pour ceux qui aiment et l’Auvergne et Pascal. »

Que son pays ait marqué, depuis l’enfance, l’âme du grand homme d’une empreinte profonde, il nous en a d'ailleurs fourni des preuves, qui vous paraîtront, je pense comme à moi-même, décisives. Sur la machine à calculer, il appose cette simple signature Blasius Pascal Arvernus[3], attestant ainsi, avec son origine, la fierté qu'il en éprouve, beaucoup plus que de son titre d’écuyer. Dans son testament, il songe aux pauvres de Clermont et lègue à l’Hôpital général de cette ville « le quart du droit a luy appartenant sur les carrosses publics de Paris », soit 3.000 livres[4]. Je ne sais si je m’abuse, mais dans la lettre fameuse, du 15 novembre 1647, où il explique à Périer son beau-frère, tout le plan de l’expérience projetée au puy de Dôme, quand il vante les divers avantages de cette mon-

  1. Ajalbert, Au cœur de l’Auvergne, 1922, p. 189-190.
  2. Paul Bourget, loc. cit., p. 596, col. 1-2 ; cf. Ajalbert, ibid., p. 188-190.
  3. Elle existe au moins sur une des machines, de 1652, qui se voit au Conservatoire des Arts et Métiers, et qui est reproduite dans l’édit. Brunschvicg, t. I, p. 296, puis dans la brochure Blaise Pascal : Quelques souvenirs… pl. X
  4. De Guilmoto, Inventaire sommaire des archives hospitalières de Clermont-Ferrand, antérieures à 1790, Clermont-Ferrand, 1887, III E 1, p. 58. Voir Faugère, Lettres, opuscules et mémoires. p. 480-481.
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