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exécuté pendant sa vie, que Domat a tracé sur un volume de droit dont il se servait pour ses travaux[1].

Sans être riche, Étienne Pascal jouissait cependant d’une certaine aisance — on a retrouvé son nom parmi les 43 contribuables les plus imposés de Clermont[2] — et tenait le rang qu’il devait à sa charge. Attristé par la mort de sa femme, partagé entre ses doubles devoirs de magistrat et de père, il ne pouvait probablement se mêler beaucoup à la société clermontoise. Ce qui ne l’empêchait pas d’être en touré d’un cercle d’amis cultivés ; Gilberte semble y faire allusion en parlant des « compagnies continuelles qui abordoient chez luy »[3]. Elle ajoute que le désir de s’y soustraire, en même temps que le souci de se consacrer tout entier à l’éducation de ses enfants, le décidèrent, en 1631, à partir pour Paris avec eux. Il avait, au préalable, vendu à son frère Blaise sa charge de deuxième président à la Cour des Aydes, sa maison et la majeure partie de ses biens.

Quel souvenir son jeune fils emportait-il du pays natal ? Les yeux et la mémoire d’un garçon de huit ans sont souvent riches de sensations, d’idées, qui le suivront toute savie. À plus forte raison — c’était le cas — lorsqu’ils sont au service d’une intelligence déliée, capable de bien observer.

Clermont, au temps de Louis XIII, n’était pas la cité peuplée, étendue, trépidante qu’elle est devenue dans ces trente dernières années. On a évalué, avec un peu de timidité peut-être, le chiffre de sa population à moins de 10.000 habitants[4], entassés principalement sur la colline, dans de nobles hôtels ou de paisibles demeures bourgeoises. Je me le figure volontiers comme le Saint-Flour ou la haute ville du Puy de nos jours. Ses maisons sombres, construites

  1. Le fils de Domat a écrit au-dessous de cette sanguine : « Portrait de M. Pascal fait par mon pere. » Le volume appartient aujourd’hui à M. Maurice Barrès. Ce portrait est reproduit dans la brochure Blaise Pascal : Quelques souvenirs… pl. IV. Sur les relations de Pascal et de Domat, voir l’édit. Brunschvicg, t. II, p. 478, note 1.
  2. Gonod, Recherches…, p. 23.
  3. Vie de Blaise Pascal, édit. Brunschvicg, t. I, p. 51.
  4. Gonod, Recherches…, p. 21.
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