Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26

en un esprit de cette trempe et de ce caractere, il ne s’estoit jamais porté au Libertinage pour ce qui regarde, la Religion, ayant toujours borné sa curiosité aux choſes naturelles, et il ma dit plusieurs fois qu’il joignoit cette obligation à toutes les autres quʼil avoit à mon Pere, qui ayant luy mesme un tres grand respect pour la Religion, le luy avoit inspiré dés l’enfance, luy donnant pour maxime, que tout ce qui est l’object de la foy, ne sçauroit l’estre de la Raison, et beaucoup moins y estre soumis.

{Taille|Ces|120}} Maximes qui luy estoient souvent réiterées par un Pere, pour qui il avoit une tres grande estime, et en qui il voyoit une grande Science accompagnée d’un raisonnement fort net et fort puissant, faisoient une si grande impression sur son esprit, que quelques discours quʼil entendist faire aux Libertins, il n’en estoit nullement emeu ; et quoy quʼil fust fort jeune, il les regardoit comme des gens qui estoient dans ce faux principe : que la Raison humaine est au dessus de toutes choſes, et qui ne connoissoient pas la nature de la foy. Ainsy cet esprit si grand, si vaste, et si rempli de curiosité,