Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23

de son deplaisir. Mon Pere luy dit : Je ne pleure pas d’affliction, mais de joye. Vous Sçavez les soins que j’ay pris pour ôter à mon fils la connoissance de la Geometrie, depeur de le destourner de ses autres Estudes. Cependant voyez ce quʼil a fait sur cela. Il luy montra tout ce qu’il avait trouvé, par où l’on pouvoit dire en quelque façon qu’il avoit inventé la Mathematique.

Monsieur Le Pailleur ne fut pas moins surpris que mon Pere l’avoit esté, et il luy dit quʼil ne trouvoit pas juste de captiver plus long temps cet esprit, et de luy cacher encore cette connoissance : quʼil falloit luy laisser voir les livres sans le retenir davantage.

Mon Pere ayant trouve cela à propos, luy donna les Elemens d’Euclide, pour les lire, à ses heures de recreation. Il les vit, et les entendit tout seul, sans avoir jamais eu besoin d’aucune explication : et pendant qu’il les voyoit, il composoit, et il alloit si avant, quʼil se trouvoit regulierement aux conferences qui se faisoient toutes les semaines, où tous les habiles gens de Paris s’assembloient pour porter leurs ouvrages,