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frere prenoit grand plaisir à ces entretiens : mais il voiloit sçavoir la raison de toutes choses ; et comme elles ne sont pas toutes connües, lorsque mon Pere ne les luy disoit pas, ou qu’il luy disoit celles qu’on allegue d’or- dinaire, qui ne sont proprement que des défaites, cela ne le contentoit pas ; car il a eu toujours une netteté d’esprit admirable pour discerner le faux. Et on peut dire que toujours, et en toutes choses la vérité a esté le seul object de son esprit, puisque jamais rien n’a pû le satisfaire que sa connoissance. Ainsy dés son enfance il ne pouvoit se rendre qu’à ce qui luy paroissoit vray evidemment ; de sorte que quand on ne luy disoit pas de bonnes rai- sons, il en cherchoit luy mesme, et quand il s’estoit attaché à quelque choſe, il le la quittoit point, qu’il n’en eust trouvé quelqu’une qui pust le satisfaire.

Une fois entr’autres, quelqu’un ayant à table sans y penser frapper un plat de fayence avec un couteau, il prit garde que cela rendoit un grand son, mais qu’aussitost qu’on eust mis la main dessus, cela s’arresta : Il