Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

servait pour les réfuter. On mettait dans la bouche de celui-ci des choses qui produisaient enfin l’effet désiré, quoique inattendu ; car le résultat de la conversation était l’émancipation volontaire de l’esclave de la part du maître.

Je trouvai, dans le même livre, un des beaux discours de Shéridan, au sujet et en faveur de l’émancipation des catholiques. Que ces deux documents étaient précieux pour moi ! Je les lus et les relus avec un intérêt toujours nouveau. Ils donnaient une forme, et, pour ainsi dire, un corps à certaines pensées qui s’étaient souvent présentées à mon esprit, mais qui s’étaient évanouies faute d’expression. La moralité que je déduisis de ce dialogue fut la puissance de la vérité, même sur la conscience d’un propriétaire d’esclaves. Je trouvais, dans Shéridan, une dénonciation hardie de l’esclavage et une défense énergique des droits de l’homme. La lecture de ces deux ouvrages me rendit capable d’exprimer mes pensées et de réfuter les arguments qu’on employait pour la défense de la servitude. Mais en même temps qu’ils me tirèrent d’une difficulté, ils me jetèrent dans une autre plus pénible. Plus je lisais, plus je me sentais porté à haïr ceux qui me retenaient dans les fers. Je ne pouvais les regarder que comme une troupe de voleurs favori-