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pendant cela m’avait suffi pour me former une idée assez juste des principes, des mesures et de l’esprit de la réforme entreprise contre l’esclavage. Je m’attachai ardemment à cette noble cause. Je ne pouvais faire que peu de chose personnellement, mais du moins, ce que je pouvais faire, je l’exécutais avec zèle et avec joie, et je ne me trouvais jamais plus heureux que lorsque j’assistais à une réunion de personnes opposées à l’esclavage. Je ne prenais que rarement la parole dans ces occasions, par une raison toute simple, c’est que d’autres exprimaient beaucoup mieux que moi ce que j’avais à dire. Mais le 11 août 1841, je me sentis entraîné à parler à une assemblée contre l’esclavage à Nantucket ; en outre, M. Guillaume C. Coffin, qui m’avait entendu parler à la réunion des hommes de couleur à New-Bedford, m’encouragea fortement. C’était pour moi une épreuve embarrassante, et je ne consentis qu’avec répugnance à m’y exposer. Pour dire la vérité, je sentais que je n’étais qu’un esclave, et l’idée de parler en public à des hommes blancs m’intimidait et m’accablait. Cependant je fis un effort sur moi-même, et je commençai mon discours. Au bout de quelques instants, je sentis ma timidité disparaître ; peu à peu, ma confiance s’augmenta, et j’exprimai ce que je voulais dire avec une