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pour me choisir un nom, mais en lui disant qu’il ne fallait pas m’ôter celui de « Frédéric. » Il était indispensable que je gardasse celui-là pour conserver un sentiment de mon identité. M. Johnson, qui venait de lire La dame du lac de sir Walter Scott, me proposa tout de suite de prendre le nom de « Douglass. » J’acceptai ; et depuis lors on m’a appelé « Frédéric Douglass ; » et comme on me connaît plus généralement par ce nom-là que par tout autre, je le conserverai.

Je trouvai à New-Bedford un état de choses tout à fait différent de ce que je m’attendais à y voir. L’aspect général de cette ville me surprit agréablement, et je m’aperçus qu’on m’avait donné une impression bien fausse touchant le caractère et la condition des habitants du nord des États-Unis. J’avais supposé, pendant que j’étais dans l’esclavage, que ces derniers ne possédaient qu’une bien faible partie des choses qui rendent la vie douce et agréable, et qu’ils avaient à peine quelques articles de luxe ; de sorte que je me les représentais comme étant, sous ce double rapport, bien inférieurs aux propriétaires du sud. J’avais sans doute été porté à tirer cette conclusion-là de la connaissance du fait que les habitants du nord n’avaient pas d’esclaves. Je supposais donc qu’ils se trouvaient dans une