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S’ils accordent ce temps à ces malheureux, ce n’est point parce qu’ils n’aiment pas à les faire travailler à cette époque, mais parce qu’il y aurait du danger à les en priver. La preuve de cette assertion se trouve dans ce fait : que les propriétaires aiment que leurs esclaves passent leurs vacances de telle manière, qu’ils les voient finir avec autant de plaisir qu’ils en ont eu à les voir commencer. Il semble qu’ils aient pour but de dégoûter leurs esclaves de la liberté, en les plongeant dans tout ce que la licence et la débauche ont de plus bas et de plus abject. Par exemple, les propriétaires ne se contentent pas de voir avec plaisir leurs esclaves s’enivrer de leur propre gré, mais ils ont recours à plusieurs moyens différents pour les engager à boire. Voici un de leurs stratagèmes : ils font des paris sur leurs esclaves, pour savoir lequel peut boire la plus grande quantité de whisky sans s’enivrer ; de cette manière, ils réussissent à entraîner une multitude de ces malheureux à boire avec excès. Ainsi, quand l’esclave lui demande une liberté vertueuse, le propriétaire rusé, profitant de son ignorance, le trompe en lui accordant une dose de dissipation vicieuse, qu’il a eu l’art de désigner du nom de liberté. La plupart d’entre nous avalaient ce breuvage trompeur, et le résultat en était tel que l’on pouvait bien