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de vacances ; aussi n’exigeait-on de nous aucun travail, si ce n’est que nous avions à donner à manger aux bestiaux, et à en prendre soin. Nous considérions ce temps comme nous appartenant, grâce à nos maîtres ; ainsi nous en usions, ou nous en abusions, presque à notre gré. Ceux qui avaient des familles à quelque distance, obtenaient ordinairement la permission de passer ces six jours avec elles. Il y avait différentes manières de passer ce temps de repos. Ceux d’entre nous qui étaient tempérants, rangés, laborieux et réfléchis, s’occupaient à faire des balais à blé, des nattes, des colliers pour les chevaux, et des paniers ; une autre classe passait son temps à la chasse aux lièvres et autres animaux. Mais la grande majorité s’occupait à divers jeux, tels que la balle, la lutte, les courses à pied ; ou bien, s’amusait à jouer du violon, à danser et à boire du whisky ; ce dernier passe-temps était, de beaucoup, celui qui plaisait le plus à nos maîtres. À leurs yeux, tout esclave qui voulait travailler pendant le temps des vacances, méritait à peine d’en avoir. Il s’exposait à passer pour un esclave qui rejetait la faveur de son maître. On considérait comme un déshonneur de ne pas être ivre à Noël, et on regardait comme très-paresseux, celui qui n’avait pas mis de côté assez d’argent pendant le