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lendemain matin (c’était un samedi), le corps épuisé et l’esprit abattu. Il ne me donna ni à souper le soir, ni à déjeuner le matin. J’arrivai chez M. Covey à environ neuf heures, et, au moment où je montais par-dessus la palissade qui séparait les champs de Mme Kemp des nôtres, Covey sortit avec sa peau de vache pour m’en frapper. Je réussis à gagner le champ de blé avant qu’il pût m’atteindre, et grâce au blé qui était très-haut, il me fut possible de me cacher.

Il semblait être transporté de colère, et me chercha pendant longtemps. Ma conduite était inexplicable à ses yeux. Enfin, il abandonna cette vaine poursuite, et pensant, je le suppose du moins, qu’il faudrait bien que je revinsse chez lui pour avoir à manger, il ne voulut pas se donner plus longtemps la peine de me chercher. Je passai la plus grande partie de la journée dans les bois, avec l’alternative devant moi de retourner chez M. Covey et de mourir sous les coups de fouet, ou de rester dans les bois et de mourir de faim. Cette nuit-là, je rencontrai par hasard Sandy Jenkins, esclave que je connaissais un peu. Cet homme était marié à une femme libre, qui demeurait à peu près à quatre milles de chez M. Covey ; et, comme c’était le samedi, il était en route pour aller la voir. Je lui