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ville. Il n’y avait qu’une semaine que j’étais chez M. Covey, lorsqu’il me fouetta d’une manière terrible, en faisant couler le sang de mon dos déchiré, et en traçant sur ma chair des sillons aussi larges que mon petit doigt. Voici les détails de l’affaire : Une des matinées les plus froides de janvier, M. Covey m’envoya de bonne heure dans la forêt chercher une voie de bois. Il me donna un attelage de bœufs encore indomptés. Il m’expliqua celui qui était le bœuf de droite, et celui qui était le bœuf de gauche. Il attacha ensuite le bout d’une grosse corde aux cornes du bœuf de droite, et me donna l’autre bout, en me disant que si les bœufs commençaient à courir, il fallait que je tirasse la corde en résistant de toute ma force. Je n’avais jamais conduit de bœufs auparavant : je m’y prenais donc très-gauchement. Cependant j’allai jusqu’au bord du bois sans beaucoup de difficulté. Arrivés à ce point-là, les bœufs eurent peur de quelque chose, et s’enfuirent en courant de toutes leurs forces, et en heurtant la charrette contre les arbres et sur les troncs, de la manière la plus épouvantable. Je m’attendais à chaque instant à me briser la tête contre les arbres. Enfin, après avoir couru ainsi à une distance considérable, ils renversèrent la charrette, la jetèrent violemment contre un arbre, et se pré-