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AU LECTEUR


Nul orateur, en Amérique, ne monte sur la plate-forme sans que le chairman, chambellan des solennités de la parole, ne le présente au public.

Frédérik Douglass, né esclave, marshal des États-Unis[1], écrivain, orateur, défenseur de sa race, témoin vivant de ce qu’elle était, de ce qu’elle deviendra ; lui, le fils de ses œuvres, n’a pas besoin d’introducteur parmi nous. Il se présente son livre à la main, front haut, en pleine lumière : lui, l’esclave, le fugitif, l’ouvrier, le vainqueur !

Quiconque lira ces pages connaîtra l’homme. On ne signera pas tout peut-être ; on regrettera dans l’ordre spirituel quelques lacunes, ou peut-être quelques réticences ; on voudrait que l’aigle, déployant plus largement ses ailes, s’enlevât plus haut dans les cieux ; tel quel, individualité puissante, facultés hors ligne, viril, sincère, généreux, épris des faibles, on l’aimera. L’admirer, on ne peut autrement. L’estimer, cela se fait tout seul, à mesure que tournent les feuillets, que s’affirme le caractère, que marche la vie, que s’exerce

  1. District de Columbia.