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Mais un journal de Baltimore m’en dit davantage. Certain jour, certain numéro enregistrait pétitions sur pétitions, adressées au Congrès, à cette fin d’abolir la traite et l’esclavage, dans toute l’étendue des États-Unis.

C’en était assez. Je compris le courroux qu’excitaient chez nos maîtres, ces neuf lettres : Abolition. — Pour moi, le mot signifiait espoir.

Épiant dès lors, lisant avec avidité dans nos journaux les discours, appels, dénonciations abolitionnistes qu’ils empruntaient aux feuilles du Nord, mon cœur s’affermit : Je n’étais pas seul à détester l’esclavage. Bien plus, sous l’indignation des maîtres, je devinais l’effroi. Ils avaient peur, donc l’abolition pouvait triompher.

Ces lueurs qui pénétraient dans mon âme, je les communiquais à mes frères esclaves ; elles nous préparaient au grand jour.

La conscience des maîtres, n’était pas plus tranquille que n’étaient assurés leurs noirs trésors ; en dépit des apparences, elle se troublait. Le choléra sévissait alors ; j’y voyais la main de Dieu, châtiant le pays détenteur d’esclaves. Nos maîtres ne la voyaient-ils pas, eux aussi ?

Avec Dieu pour appui, l’ange de la mort pour justicier ; l’abolition marchait à la conquête des États.


Mon âme soupirait après autre chose. Solitaire, travaillé, destitué, j’éprouvais le besoin d’un protecteur et d’un père. Les prédications de M. Hanson, pasteur méthodiste, m’attirèrent vers Dieu.