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que n’ont pas faussées de mauvaises influences, l’esclavage est condamné. Je ne me souviens pas d’avoir rencontré un seul camarade qui le défendît. Je me souviens d’en avoir trouvé, beaucoup, qui me consolaient, qui me relevaient, qui me montraient la liberté dans un prochain avenir.


Esclave à vie. — Tout ce que j’étais parvenu à lire — j’avais alors treize ans — tout ce que j’avais appris des États libres, augmentait l’oppression de mon âme.

Pas de terme à ma servitude ! Comment exprimer la morbide action de cette réalité sur tout ce qui sentait, sur tout ce qui pensait en moi ?

Heureusement — ou malheureusement — j’avais acheté, avec les cents gagnés en cirant les bottes de quelques-uns de nos visiteurs, l’Orateur Colombien. Riche trésor, dans lequel je puisai largement. Le Dialogue entre un esclave fugitif et son maître, me saisit. Accusé de folle ingratitude, l’esclave, on le conçoit, avait beau jeu pour répondre. Le maître, vaincu en champ clos d’éloquence, de droit, de bon sens, s’inclinant devant la vérité, émancipait son esclave !

Le jour ne viendrait-il pas où, moi aussi, je triompherais de même ?

Les discours de Sheridan, de Chatham, de Pitt, de Fox, me captivaient. Je les lisais, je les relisais. Ils m’apprirent à donner un langage à ma pensée. Les droits de l’homme, de tout homme, ressortirent avec puissance pour moi, des paroles de Sheridan. Elles m’aidèrent à pénétrer le secret de tout esclavage,