Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

IX

changement de résidence.


Je n’ai pas à me plaindre de traitements cruels, endurés sur la plantation Lloyd.

Une gifle de tante Katy, une fouettée du Vieux Maître, telle qu’en reçoit tout garçon chez ses parents, rien de plus.

Trop jeune encore pour le labeur des champs ; ramener les vaches le soir, nettoyer la cour, faire les commissions de ma jeune maîtresse, mistress Lucretia Auld, fille du Captain, tels étaient mes travaux.

Quoique rien en moi n’attirât l’attention de ma maîtresse, je la sentais bonne et je l’aimais. Le moindre mot, le moindre signe affectueux prend une valeur énorme, quand tout est indifférence ou dureté.

Miss Lucretia — nous continuions à l’appeler Miss, malgré ses deux ou trois ans de mariage — m’accordait çà et là quelques regards, quelques signes de tête accompagnés d’une beurrée ; inestimable faveur, pour cet affamé perpétuel que j’étais.

Me querellant un jour avec Ike, favori de tante Katy, le mauvais garnement m’asséna sur la tête un coup de