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corps, accompagnant chaque coup d’insultes grossières. Enivré de fureur, des voluptés du supplice, il le prolongeait, il en raffinait l’atrocité, choisissant la place, y ajustant la sanglée, avec toute l’énergie, avec toute l’habileté d’un praticien accoutumé à toucher le but.

Les épaules d’Esther, jeunes et tendres, ruisselaient de sang ; chaque coup lui arrachait un cri : — Pitié, ayez pitié ! Je me soumets ! — Mais les cris de la torturée exaspéraient les fureurs du bourreau.

Quand il eut satisfait sa rage, Vieux Maître dénoua les cordes ; Esther s’affaissa. — De ma cachette je suivais tout, terrifié, pétrifié, révolté.

Nulle parole humaine, jamais, ne parviendra à stigmatiser l’acte ! — L’acte du satyre, doublé de l’assassin.

L’exécution se renouvela ; car Esther, qui ne mourut pas, continua de rencontrer celui qu’elle aimait.