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J’ajoute : tel est l’impérieux besoin de son intelligence, la condition en dehors de laquelle il ne vit plus.

Se représente-t-on un ciel peuplé — j’allais dire meublé — d’êtres immobiles ?

Des cerveaux malades ont pu en imaginer un pareil. Ce n’est pas le ciel de Dieu.

Le travail, cette magnifique expansion de toutes nos forces, de toutes nos facultés, la prière — rude combat — ne le supplée pas : elle lui souffle la vie.

Qui prie, travaillera. Les grands supplieurs ont été grands travailleurs.

Sans ces hommes-là, les hommes de prière, qui travaillent d’autant mieux que Dieu travaille avec eux, et qu’ils le savent ; sans ces régiments chrétiens, qui, à l’exemple des Suisses de Morgarten, prient avant la bataille, pendant la bataille, après la bataille ; sans ces hommes qui, parce qu’ils prient, écrasent l’ennemi ; sans les Buxton, les Wilberforce, les Lincoln, la noble phalange de supplieurs, de travailleurs, qui, en Europe, en Amérique, partout debout, partout à la brèche, ont combattu l’esclavage, le géant, et l’ont vaincu ; les vaisseaux de traite viendraient, à l’heure qu’il est, chercher leur cargaison noire sur les côtes