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V

l’intendant.


Captain Anthony, je viens de le dire, m’ignorait.

Dans les rares occasions où il s’était douté de mon existence, je l’avais trouvé bienveillant.

Peu de mois suffirent à me révéler son vrai caractère. Ni la bonté ni la douceur n’en faisaient les traits distinctifs. Ces qualités n’apparaissaient qu’à l’état d’éclairs.

Captain Anthony pouvait, selon l’occurrence, non-seulement rester insensible aux droits de l’humanité, sourd aux appels de la victime contre l’oppresseur, mais perpétrer lui-même des actes infâmes, ténébreux, monstrueux.

Or, cet homme n’avait pas une pire nature que les autres.

Élevé dans un État libre, au milieu d’une société civilisée, sous les lois communes qui assurent mêmes droits à chacun, Captain Anthony ne serait pas, selon toute probabilité, descendu au-dessous du commun niveau.

L’âme revêt, du plus au moins, la couleur de l’atmosphère qui l’entoure. Le gouverneur d’esclaves, tout