il fallait en user ; et pour en user, force était de franchir, au risque des affronts, le seuil du palais présidentiel.
— Venez avec moi ! demandai-je à mes amis noirs.
— Non ! Allez, vous ! — répondirent-ils, comme au bon temps jadis, lorsque, refusant de m’accompagner dans les wagons de première classe, ils m’y poussaient, quitte à m’en voir ressortir criblé de coups. — Éternelle histoire des marrons tirés du feu.
Mistress Dorsey à mon bras — le courage qui manquait aux hommes, je l’avais trouvé chez une femme — j’abordai la Maison-Blanche.
— Arrière ! — les deux policemen de service, me barraient le passage : — Aucun homme de couleur n’est admis !
— Vous vous trompez ; il y a malentendu. Pareil ordre ne peut émaner des lèvres de Lincoln. S’il me savait là, je n’attendrais pas deux minutes l’admission !
Soit mon air résolu, soit que l’incident retardât le flot humain qui se précipitait vers rentrée :
— Suivez-moi ! fit un des policemen.
Bientôt, nous nous trouvâmes sur une espèce de tréteau en planches, destiné aux curieux qui, du dehors, contemplaient, sans y pénétrer, les splendeurs du dedans. Je m’arrêtai :
— Halte-là ! m’écriai-je : Vous vous moquez ! Sachez ceci : je veux voir le président, et ne sortirai, qu’après l’avoir vu.
Un gentleman de ma connaissance passait par hasard.
— Veuillez, lui dis-je, informer Son Excellence, que