m’avait pas donné, l’étude pouvait le conquérir. La sagesse, c’est l’expérience ; revers et succès avaient accru la mienne. Et puis, ne savait-on point mon histoire et ses vicissitudes ; ne devais-je point compter sur l’indulgence du public américain ? — J’y comptais si bien que, froissant l’opinion de mes amis — ces amis pour lesquels j’éprouvais une déférence presque idolâtre — je persévérai.
Ce fut à Rochester, que parut le premier numéro de l’Étoile du Nord, mon journal.
Je poursuivais deux buts : l’abolition de l’esclavage ; le relèvement de ma race, et à ses propres yeux, et aux yeux de la nation.
Il fallait que les hommes de couleur apprissent, en agissant, ce qu’ils étaient capables de faire. Il fallait que les blancs eussent dans les mains, écrite chaque jour par la main des hommes de couleur, la preuve irrécusable de l’égalité intellectuelle des deux races.
Disciple convaincu de Lloyd Garrison, ayant d’emblée adopté ses idées maîtresses : briser la constitution américaine, parce qu’elle garantissait l’esclavage ; séparer les États du Nord des États du Sud, parce que ceux-ci entravaient la marche de ceux-là vers l’émancipation ; un plus rigoureux examen de notre Constitution, me fit voir que ni dans sa lettre, ni dans son esprit, elle n’admettait l’esclavage : « Tout homme naît libre », ainsi s’exprime-t-elle. Dès lors, pourquoi la briser ?
L’étude du projet de séparation, m’en démontra pareillement les défauts : Avant tout, son pernicieux