VI
le royaume-uni.
Je parlais naguère des périls auxquels m’exposait la publication de mes souvenirs. Notre récente expédition en accroissait l’intensité.
Sentant le sol américain s’embraser sous mes pas, force me fut d’aller chercher, dans la monarchique Angleterre, un refuge contre les violences de l’esclavage républicain.
M. Buffum, l’ami qui avait sollicité pour moi, auprès de la rail road company, les faveurs qu’elle accordait aux singes, m’accompagnait à travers l’Océan. Il prit nos billets sur le Cambria, administration Cunard, Liverpool.
— Monsieur ! lui dit l’employé : Votre ami nègre, ne peut être admis comme passager de cabine.
Cette ligne prohibitive qu’osait établir, sur un navire anglais, le préjugé américain, fut vite franchie. Non par moi ; j’avais trop de fierté pour ne pas garder la place qu’on me faisait ; mais par tous ceux qui, à bord, se sentaient quelque générosité dans l’âme. Ai-je besoin de nommer M. Buffum ?