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une fois son travail terminé, l’espace considérable qui la séparait de moi, elle apparaissait, me contemplait, m’étreignait, puis reprenait sa course pour répondre dès l’aube à l’appel du conducteur.

Quelque rares, quelque rapides que fussent ces entrevues, l’image s’est gravée, ineffaçable, en moi. — De taille élevée et svelte, ma mère avait les traits réguliers, le port majestueux, une dignité souveraine.


Sur mon père, il faut le répéter, je ne sais rien.

L’esclavage de la mère suffit. Une fois prouvé, le système n’a pas à se préoccuper d’autre chose. La condition de la mère, d’après ses lois, fixe invariablement le sort de l’enfant. Mère esclave, fils esclave. Le père fût-il libre, le fils est esclave. Qu’une imperceptible goutte de sang africain circule dans les veines de l’enfant, le père vendra son fils, sans sourciller.