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I

naissance et parenté


Prenez une carte d’Amérique, États-Unis. Cherchez l’État de Maryland ; vous trouverez, près d’Easton, comté de Talbot, un petit district maigrement peuplé, lequel n’a de remarquable que l’aridité de son sol, la dégradation de ses fermes, la ruine de ses clôtures, la noblesse de ses habitants, leur indigence, et la fièvre à perpétuité.

C’est là, dans ce plat territoire bordé par le Choptank, la plus paresseuse comme la plus fangeuse des rivières ; entouré d’une population blanche toujours oisive et constamment ivre ; au milieu de nègres esclaves en parfaite harmonie avec ce bas niveau ; c’est là que, sans qu’il y eût de ma faute, je vis le jour.

De ma famille je n’ai rien, ou presque rien à dire. L’arbre généalogique ne pousse pas sur terre esclave.

Un père ! la chose, pour l’esclave, n’existe ni dans l’ordre des faits, ni dans celui des lois.

Mon âge ! difficile à fixer. Je n’ai jamais rencontré un esclave qui pût me dire le sien. Toute recherche, toute question sur ce sujet, était regardée par les maî-