souche, je me tins — au lieu d’aller comme à l’ordinaire en quête de travail — parfaitement immobile, du premier au dernier jour de la semaine. Le samedi soir, maître Hugues m’appelle :
— Les dollars ?
— Je n’en ai point.
— Tu n’en as point, drôle ! Pourquoi ?
— Je n’ai pas travaillé.
— Tu n’as pas…
Exaspéré, furieux, sa colère, Dieu merci, s’exhala en jurons. Si ç’avait été en coups, je ne sais, vengeance et folie aidant, où nous en serions venus.
Après quelques instants de silence :
— Tu n’as plus à t’inquiéter de travail ! — dit froidement maître Hugues : je t’en trouverai !
La sentence entendue, je pris deux résolutions : M’évader le 3 septembre, et d’ici là, bûcher ferme, pour donner le change aux soupçons.
Le lundi, avant jour, je me rendais sans tambour ni trompette dans le chantier Butler. Connu, agréé de M. Butler, que j’avais précédemment servi en qualité de maître calfateur, j’apportai le samedi soir neuf dollars à maître Hugues.
— Tu pouvais en faire autant la semaine dernière ! grommela-t-il.
Bien. J’avais réussi à conjurer défiances et tempête.
Le samedi suivant : encore neuf dollars. Maître Hugues, pleinement rassuré, m’octroya… vingt-cinq cents !