Sud et de ses marais empoisonnés. — Mon noble Henry lutta, lorsqu’on le vint enlever de la prison où il me laissait solitaire ; autant qu’il s’était débattu, lorsqu’on l’y avait conduit.
Et je sondai — que de fois je les avais mesurés ! — les malheurs de l’esclave et ses désolations. — Personne, sauf les bandits qui se ruaient dans ma cellule ! Pas une voix, sauf leurs imprécations ! En perspective, j’avais la Georgie, la Louisiane, l’Alabama : la pestilence de leurs champs de coton, de cannes à sucre et de riz.
Réclamer ? à quoi bon ? — Me défendre ? Avec quoi ? — Que peut opposer un esclave, au plomb et au fer ?
Après huit de ces interminables journées, Captain Thomas parut.
Il venait, dit-il, me chercher pour me remettre à un sien ami de l’Alabama, lequel y retournait, m’y emmenait, et au bout de huit ans, m’émanciperait !
L’histoire de l’ami — je n’avais jamais entendu Captain parler d’une relation quelconque dans l’Alabama — celle de l’émancipation, me laissèrent incrédule. Maître Thomas, soigneux de sa renommée de saint, répugnait à encourir le blâme qui, même chez les planteurs, flétrissait la vente d’un chrétien, par un autre chrétien, aux trafiquants du Sud.
Quoi qu’il en soit, Captain Thomas, qui pouvait ou me vendre ou me battre, ne fit ni l’un ni l’autre. La loi lui donnait le droit de me maltraiter ; il n’usa pas du droit. — Que cela lui soit compté là-haut.
M’ayant ramené à Saint-Michel, où s’écoula une semaine, sans que l’ami de l’Alabama fit son apparition,