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de l’adoption du français

exemple les 505 440 formes différentes que peut prendre un verbe en volapuk, alors que ses adeptes réclamaient surtout une langue simple et pratique. Il y avait encore l’inconvénient, déjà signalé, de l’arbitraire qui avait présidé aux choix des radicaux. Il n’en fallut pas davantage pour que des demandes de réformes se fissent jour. Mgr Schleyer s’opposant aux réformes, celles-ci s’accomplirent sans lui et amenèrent des schismes. La déroute finale devait fatalement s’ensuivre.

Les langues artificielles doivent être analytiques et à radicaux internationaux. — Les discussions passionnées qui s’engagèrent sur ce terrain du volapuk ont au moins eu pour effet de mieux mettre en lumière les conditions que doit remplir une langue artificielle pour être acceptable. Des linguistes et des philologues s’occupèrent de la question et s’ingénièrent à donner au nouvel organisme une base scientifique, c’est-à-dire historique et philologique. Il serait trop long d’essayer de résumer les nombreux travaux parus sur ce sujet. Contentons-nous de signaler les deux conditions principales sur lesquelles l’accord fut à peu près complet. Ces deux conditions sont d’abord le caractère analytique de la grammaire et ensuite l’internationalité absolue ou aussi grande que possible des radicaux à choisir.

Parmi les divers projets satisfaisant plus ou moins à ces deux conditions, l’idiome neutral, œuvre d’une académie internationale, est assurément l’un des plus complets et des plus pratiques qui aient été proposés depuis le volapuk. L’idiome neutral est un exemple typique de la tendance évidente que montrent les langues artificielles à se rapprocher des langues naturelles lorsqu’elles se soumettent à la seconde des conditions qui viennent d’être mentionnées. C’est en effet par le secours de la philologie et la recherche des racines internationales qu’est produit ce rapprochement. Les langues naturelles, vers lesquelles convergent les langues artificielles, guidées par la philologie, sont exclusivement les langues romanes et particulièrement le français, car les racines internationales sont surtout d’origine latine. (J. Lott évalue à 10 000 le nombre de racines latines devenues internationales.) Il en est si bien ainsi que l’idiome neutral adopte une grammaire plutôt romane et prend pour modèles la prononciation française pour décider du graphisme de ses racines. Il est extrêmement remarquable que l’Académie dont émane l’idiome neutral, bien que présentant toutes les garanties nécessaires de neutralité (elle se composait d’un Belge, de deux Danois, quatre Alle-